Youcef, ancien détenu devenu greffier… des taulards !

Pendant 17 ans, Youcef, âgé de 37 ans et natif de Saint-Dizier, a passé l’essentiel de son quotidien en prison, après des condamnations à de courtes et moyennes peines. Pour des vols, faits de violences, le tout en récidive. A Chaumont, Ecrouves, Saint-Mihiel, Nancy, Reims ou encore Troyes. Aujourd’hui libéré de sa détention, comme de son sursis (sous bracelet électronique), l’ancien prisonnier tente de se réhabiliter d’une manière originale, quoique (presque) prévisible. Et ce, avec son initiative, “le greffier des taulards”.
Deux pieds, Youcef en a clairement. Au bout de ses jambes, dans deux villes (Chaumont et Saint-Dizier) et de chaque côté des barreaux. Et à cela s’ajoutent plusieurs vies, comme pour un chat, sinon de nombreux souffles. Délinquant repenti, justicier des détenus, ce “greffier des taulards”, tel qu’il se définit aujourd’hui (en lien avec sa future reconversion professionnelle, dans le travail social) a une longue histoire avec le milieu carcéral… Pendant 17 ans (et plus, après… davantage lumineux). Déviant hier, vertueux aujourd’hui et demain.
Une détention entre ombre et lumière
L’histoire de Youcef, natif de Saint-Dizier et âgé de 37 ans, avec la délinquance commence dès son adolescence, vers 14-15 ans précisément. Vols, ‘bagarres’ et consommations de drogues (douces) constituent autant de petits faits perpétrés. A sa majorité, il connaît sa première détention, après une condamnation à une courte peine de quelques mois. A sa sortie de prison et alors qu’il pense reprendre un train de vie “stable”, le jeune homme (de l’époque) retombe dans les délits. Là, les faits prennent davantage d’ampleur, allant parfois jusqu’à la violence. Agression d’un homme gay aux abords d’une forêt, règlement de comptes par arme à feu, autodéfense qui tourne mal, pour en citer quelques-uns.
D’une condamnation à l’autre (entrant et sortant à de maintes reprises), Youcef tente de se réhabiliter au fil des mois et années (à un chiffre) d’incarcération. En détention, il s’efforce d’être le prisonnier ‘modèle’, que ce soit à Ecrouves, Chaumont, Nancy, Reims, Troyes et Saint-Mihiel. Nettoyant les bureaux des agents, ayant des relations cordiales avec le personnel de prison; comme avec les autres personnes incarcérées, enchaînant les rendez-vous psy et de réinsertion. Pourtant, rien n’y fait, il reste le mauvais gars aux yeux des autres, essuyant les mauvaises (et injustifiées) réputations et les sanctions en quartier disciplinaire (70 jours ayant été la pire pour lui). « Quand ils partaient (les chefs de détention, NDLR), tout était coupé dans ma cellule, l’eau comme l’électricité », explique-il à ce sujet.
L’injustice est aussi dehors
Hors les murs, en permission ou sous bracelet électronique, Youcef continue à subir des « injustices ». Quand il n’obtient aucune réparation juste pour un acte dont il a été (aussi) victime, après avoir reçu une balle au-dessus de la ceinture ou été percuté par une voiture. Aujourd’hui, « j’ai les intestins broyés », confie-t-il, à propos de la première agression.
Face à ce cycle d’injustice, sa femme est son ‘rock’, remuant monts et vallées pour l’aider dans ses démarches. De permissions de sorties, d’aménagement de peine, d’audiences types débat contradictoire. Quand Youcef est transféré à Saint-Mihiel, son dernier lieu de détention à ce jour, son quotidien carcéral change du tout au tout, vers plus de lumière. « J’ai obtenu toutes les permissions que je demandais, la première, la seconde et la troisième (qui lui étaient, jusqu’à présent, refusées). On a aussi aménagé ma peine. Et, enfin, je suis sorti de prison (en mars 2025, NDLR) », explique-t-il.
Aider les autres détenus
Signe d’un combat de longue haleine (avec sa femme) pour retyrouver sa liberté, Youcef a connu toutes les situations et les démarches administratives à réaliser. Et de cette expérience, l’ancien détenu entend aujourd’hui mettre à profit ses connaissances pour accompagner les prisonniers haut-marnais et, plus largement, français. Dans les aménagements de peine, les débats contradictoires, les permissions de sortie, les visites de prison, les activités liées à la culture et à l’art et dans bien d’autres sujets.
Début mai donc, Youcef a lancé une initiative sur le web et les réseaux sociaux, “Le greffier des taulards”. Et ce, en parfait lien avec l’aide qu’il a apportée à un ancien co-détenu. En vue d’une concrétisation du projet autoentrepreneurial, le jeune homme accompagne bénévolement les familles de prisonniers (treize, à ce jour), tout en étant un soutien émotionnel. « Aider les gens, leur remonter le moral et leur montrer qu’il y a de l’espoir, ça me fait du bien », confie-t-il, comme pour conclure ce qui est le début d’une nouvelle aventure…
Infos pratiques :
“Le greffier des taulards” est visible sur les réseaux sociaux, Facebook et Instagram. Il possède également une chaîne YouTube.
Al’ Warnet
Al’ Warnet est journaliste et contributeur régulier à Chaumont City. À travers ses articles, Aldric met en lumière les visages, les parcours et les histoires qui façonnent la ville. Sa plume sensible et engagée apporte un regard singulier sur la vie locale.
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