Orchestrale, “La forêt danse” son bal du vivant

Début vacillant, s’il en est, “La forêt danse” n’a pas chuté dans son incarnation du vivant. Moyennant une couverture du siècle passé, les quelque 80 minutes, portées par la compagnie Préface, l’ont, au contraire, embellit de bout en bout. Dans ses silences, ses sens et, surtout, ses vocalises. L’appel de la nature, de facto, est esthétique divin conte. Parce que poétique er voyageur.
Par Al’ Warnet
Crédit photo en-tête : Cyndie Tuscher
Le début, où les sons (du violoncelle) malmènent parfois les paroles, aurait pu handicaper l’essentiel de l’histoire. Et, pourtant, la première, par la compagnie Préface de “La forêt danse”, au Nouveau Relax de Chaumont, est globalement réussie. Centre du pitch, l’arbre, qu’il soit chêne ou bien hêtre, prend vie au fil des quelque 80 minutes de spectacle. Telle une héritière, la comédienne Marion Sancellier s’empare de la pensée philosophique de Baptiste Morizot. Et, à son terme, le message, visant à conter l’histoire d’un paysan faiseur de nature, essentialise « la diplomatie du vivant ». Au cours du siècle passé, fait de crises et de temps paisibles, qui plus est !
Dans l’incarnation narrative, le décor de “La forêt danse” trouve sa force dans ‘le simple est le mieux’. Réduit dans son format, il est vrai, chacun des éléments apporte son fin détail, résumant des idées multiples, impacte en somme. Une chute de tissus pour les étendues d’eau, des motifs artistiques pour une forêt , des branches pour incarner le pouvoir de la nature sur la construit… La conteuse, Marion Sancellier, est actrice dans l’évolution du récit, qu’elle façonne et déconstruit à la manière d’une Pénélope de “L’Odysée” homérienne. Comme une créatrice, comme le paysan dont elle retrace les étapes de vie clés.

Tout est histoire !
Cœur de cette pièce, le silence, le son, la voix, le geste et l’essentiel du décor, vivant ou non, sont, façon sens, un maillon de la longue chaîne narrative. Pleine incarnation de tous ces éléments, Marion Sancellier y met de la poésie. D’Arthur Rimbaud, de Jean Giono, de Victor Hugo ou encore d’Alphonse Daudet. Esthéticienne, elle embellit le (déjà) beau, mais aussi le laid. La Belle Epoque, bien sûr, les guerres, les années folles, les tensions, les sentiments humains et… la vie et la mort du vivant. C’est une ode, un appel, un cri et un testament… pour que la forêt continue à danser, envers et contre tout.